Ils auraient sauté sur n’importe quelle occasion
sans même l’espoir d’y survivre
parce qu’ils s’aimaient mais ne le savaient pas
les amants qui s’ignoraient
au lendemain de maintenant.

Au bord du gouffre
un abîme mystérieux
dont l’odeur de souffre
rappelle d’autres lieux
le corps affaibli sous les cocasses
attaques excentriques
le dragon fugace traverse nos récifs
et s’acharne à nuire aux esprits
importants
sans même l’espoir d’y survivre
parce qu’il l’aimait la vie à présent.

Condamnée lapidée presque avant l’heure
d’avoir supporté trop d’outrages en si peu de temps
d’avoir crié j’ai mal
j’ai mal tout le temps qu’elle a souffert
peut être même avant
guerre dans l’âme elle refuse
mais se les prend les jets de pierres
aux enfers elle se rend
du moins on l’espère du côté des croyants.
Arrachée aux flammes son amour s’envole
sans même l’espoir d’y survivre
parce qu’elle l’aimait la vie à présent.

Charge funeste au coeur de la nuit
noire d’esthète aux tribales en furie
luisant du sang coulant sur les lames
c’est son coeur désormais qu’il tenait
dans la main
pour la main de sa fille gredin qu’il était
jamais, jamais ne l’aurait donné.
Cours et ruissèle s’envole un instant
au dessus d’un cratère formé dans son flan
un obus étincelant de lumière de bruit
et d’encens, sature son air par tout un volcan
la lave en hâte quitte son être
de bile et de glaire elle se mélange au sol
foisonne l’élan d’un corps distendu
corrompu par la mer mouillant son esprit
sans même l’espoir d’y survivre
parce qu’il l’aimait la vie à présent.

Caressant son soleil couchant dans l’abri
d’un ventre creux de ne rien voir venir
aux plaisirs substitué des pleures
elle engendre le plaisir de la corde
tendue sous le cou
la souffrance comme ultime porte au dégoût
au refus de n’être que rien pour devenir
fait divers, perdue en hiver au fond d’un précipice
d’amertume et de non-dits
chahute la haine et les morceaux de débris
la chaise écartée salue la perte de deux vies.
Sans même l’espoir d’y survivre
parce qu’elle l’aimait la vie à présent.