Au sol le résultat d’un conflit ouvert du soir :
-papier à dessin, non froissé, déchiré, poinçonné à plusieurs endroits
-carnet de dessin, plié, taché, poinçonné à plusieurs endroits
-pastels secs, cassés, écrasés, jonchant le sol sans ordre précis
-bières vides
-cds audio dans des boîtiers souvent abîmés
C’est pas que je doute,
je sais bien que je ne sais pas le faire.
Je ne sais pas le faire, et je vous emmerde.
Je pense à Elles.
Je ne sais pas travailler sans penser à Elles
et elles me rongent,
elles me rongent et j’en crève
mais elle me rongent encore
J’en peux plus
j’en peux plus.
Les croquis sont faussés
les regards, sans intensité,
mêlent aux sourires faux des portraits
une joyeuse moquerie envers le créateur.
Pauvre merde, semble t-elle me dire
de son regard mauvais
non qu’il ne soit pas bleu, ou tendre
mais il est raté, comme tout le reste d’ailleurs.
Et je l’entends me dire de ses lèvres poussiéreuses
pauvre merde d’alcoolique.
Non, plutôt,
pauvre merde prétencieuse pleine d’espoir vains sans talent.
Oui, c’est plutôt ça.
Caleçon-chaussettes, à la fenêtre
raz-le-cul.
V’la qu’il me revient une crise de mauvais goût.
Partout autour, des travaux, devenus médiocres
usés à mon regard, mon regard de travers
mon regard vitreux, qui voit d’un seul coup des défauts
dans tout, dans rien, dans le rien qui forme le tout
dans le rien du tout en quelque sorte.
Il faut que je balance ma carte d’identité dans l’eau froide.
Ou alors, que je me claque la tête deux ou trois fois.
Il faut que je cesse tout ce vacarme dans ma tête
ces femmes qui n’ont rien demandé,
que j’ai eu le malheur de vénérer
et il faut que cesse ce refrain maternel.
Les yeux c’est pas ça. Les yeux c’est pas ça. Les yeux c’est pas ça.
Y’a un peu de ça, mais j’ai du mal à me reconnaitre. (bis deux fois)
Ah, il a un coup de crayon malgré tout. (pareil)
C’est pas grave, tu recommenceras. (Bis.)
Mais je t’emmerde. Toi, tous tes conseils sortis de mode et travaux
toutes tes remarques naïvement tranchantes
ton envie inconsciente de me couler pour te rendre interessante.
Et je t’emmerde, parceque j’en ai raz-le-cul, à ma fenêtre
la gueule de travers, et en caleçon-chaussettes.
Il faut,
que j’oublie cette foutue nana, trop jolie, trop brillante
trop bien, trop humaine, trop caline et trop lointaine à la fois
je dois l’oublier, elle et sa façon de se barrer quand j’arrive,
elle et sa façon de me parler d’un seul coup comme si on était frère et soeur.
Et l’autre, l’autre qui de toutes façons n’a rien à se reprocher.
Je ne peux quand même pas retirer de ma tête toute cette fascination
pour des regards,
des regards que je ne sais pas peindre
des regards inexpressifs,
sur des carnets de dessin de merde,
dans un appartement, déguelassé par trop de moi,
trop de merdes de moi,
trop, beaucoup trop, de silence.
Je ne contrôle plus rien.
Je ne jouis plus de la même façon
le matin, la musique ne me fait pas plaisir
le froid ne me réveille plus
les rêves sont sexuellement atroces
les voisins d’à côté sont bruyants.
Et j’en ai raz-le-cul.
Rien ne me fait moins plaisir que cette idée que tout finit un jour par arriver.
Rien ne m’ennuie plus que de rencontrer une nouvelle personne
Rien ne peut me faire rire sans que je ne l’ai déjà entendu
La nouveauté, comme le changement, commencent à me taper sur le système.
Je n’ai plus le temps de rien.
Ni l’envie, ni plaisir, ni déplaisir
Envie de rien, aucune envie
Me plaisent les photos absurdes de playmates au sourire faux, comme tout le reste d’ailleurs.
Me plaisent l’absence de sentiments et l’absence de message
Je n’irai pas jusqu’à aimer TF1,
mais si ça devait arriver, cette fois, je serai presque certain
que ce serait la crise.
La vraie.
Je m’étouffe dans la bière
je m’étrangle même
bruyamment, pour emmerder les voisins.
Mais ça ne les emmerde pas, parcequ’ils n’entendent pas.
Trop énervé pour dormir
Trop sensible pour crier
Trop dur à cuir pour pleurer
Trop con pour y croire.
Dans ma tête, il se passe parfois des choses que je ne contrôle pas.
Ces soirs là, où je deviens imbécile
ces soirs là, j’attends gentiment,
que jeunesse se passe
et dans ma tête,
se mêlent les images d’une troupe de théâtre, de la mère, et de la mort.
Il y a bien cette fille, là bas aussi, mais elle, ne parle pas
elle, sourit, et
peut être, me retient-elle encore un peu ce soir
à l’envie de paraître.
Je ne sais pas ce qui peut se passer
demain.
Ce qui est sûr c’est que j’ai besoin de calme.
J’ai besoin de calme.
J’en peux plus.
Laisser un commentaire