J’ai vu la vie
au pied d’un bar
assourdi par les maux
j’avais soif
on m’a donné à boire.
J’ai vu la honte assombrir mes yeux
honte de m’amuser à vivre
on m’apprit à périr avec plaisir
et quand j’avais soif
je buvais.
Maintenant que j’suis vivant
rien à faire pour me décrocher
de ce petit comptoir
si j’y suis c’est que j’y reste
quand j’aurai plus envie
j’arrêterai.
C’est à peu près dans ces mots
que ce soir j’attends
encore patiemment
qu’on m’apprenne
que celle que j’ai aimé
et que j’aime encore
plus fou que le dernier
des hommes
qu’elle est morte d’en aimer tant d’autres
qu’elle ne m’a pas attendu
et que maintenant détruit
désemparé
il ne me reste plus que les autres
et leurs amis
le sang dans le sang
les veines trouées
les plaintes dans la salive épaise
un soir on le sait
on me retrouvera dans vos pas
on me retrouvera assoifé de vie
et mort de fatigue
âgé de plus de dix-huit
et fracassé de non-dits
à vociférer tête sur le parvis
Enfants du plaisir
apprenez ceci
celui qui se meurt a toujours dit
qu’on se plait dans l’absence
et que la solitude est reine
ne jouez pas amants
ce que j’ai vécu en prince
vous en mourrez d’ennui
et bientôt à l’absynthe
se mélange assez de mort
pour en voir la couleur
et pleurez tant qu’il est encore temps
j’aime à vous voir
noyés dans vos bons sentiments
mais pas assez méchants
pour vous en entretenir
pleurez si vous le voulez
l’amour je le vois en synthèse
caché dans le non-dit
féerie de l’absence
son corps je l’étreins seul dans le noir
tirant de mes yeux les larmes
n’oubliez pas frères,
elle m’a tué de disparaître
et surtout comprenez ceci
nul ne doit réclamer la pitié
sous pein de de la subir
vivez et comprenez
ce que j’ai voulu dire.
Quand dans l’errance on découvre un trésor
mieux vaut le cacher
que d’en divulguer les remords.
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