Variations 07052004

Lèvres en sang
le sel de la vie
creuse mon silence
hurle la mort à vie
Visage fermé
cernes divines
perd le regard
échange avec le reflet
dans la porte de métro
une langue morte
un soupir commun
Vous serez absente
comme je suis silence
votre souvenir s’inscrira en moi
tatouage tribal sous la peau
entre le coeur et le poumon
Retour à la fenêtre
à regarder à mi-voix
un monde qui défile
ode à la bouteille de vin
murmure un poème à la nuit
et pour vous le silence
comme il se doit.
Je serai silence
pour taire mes passables envies de plus rien
contraindre un gémissement furieux
et la solitude comme remède
la foule me heurte
j’en souffre
assez de vie dans cette vie
je donne le reste à qui en veut
un souffle, une odeur, un baiser
au grand vide envoyé
Nous resterons alors distants
le temps qu’il faut sans doute
pour que je finisse par vous oublier
dans mes réserves un souffle nouveau
des reflets de vos yeux
quelques courbes douces
une fiole de poison
pour quand ce sera trop dur
de n’être que moi et plus Lui.
Vous trouverez dans le chaos construit
toutes les clefs de la liberté
Je vivrai bien votre nouveau départ
masque heureux sur masque triste sur figure blême
Je vivrai bien, à la vôtre
Je vivrai.

Ils sont méchants
ils se rendent aimables
et se font désirer
on en crève, on en rêve
et ils vous font pleurer, beaucoup.

Elles sont fragiles
Délicates et saines
On les regarde et succombe
sous les coups de foudre tombe
elles se savent aimer, pourtant.
Ouvert,
le coeur en friche
la gueule de travers
pour meilleur ami un vide bien présent
tête à l’envers
parti à la dérive
Fermé.

Inspire,
un air nouveau
de parfums et de déraison
un air qui feint d’asphyxier
qui étouffe quand il enserre
la tête à l’envers
expire.

Et la figue blême d’ajouter enfin
infatigable laid parleur
au visage teinté de blanc tant il se cache
sous des masques lourds plombés
La foutue figue blême donc d’ajouter :

« Ouvrez les guillemets s’il vous plait
un coeur, rougeâtre, mou, puis crispé
diffuse et aspire l’hémoglobine du corps
il n’a pas de sentiments, c’est simple
c’est bon, cru ou cuit arraché à l’animal humain
battant ou battu en neige.

Mon coeur va bien
sauf quand il s’emballe
mon coeur va bien
c’est ce que je me dis
pour me rassurer
mon coeur va bien
et ne me parle plus
maintenant
plus
Je n’accepte pas ta pitié, camarade,
ta pitié pour m’écraser sous ta botte de quouïr
ta pitié pour me regarder de haut
toi qui déjà est un grand animal vivant
vivant que dis-je, camarade, tu te ronges
corps et ongles pour aucune raison valable
tes bras martyrs, ta barbe fleurissant d’une étrange couleur
camarade, lève la tête, retire ta main de mon épaule
n’abuses pas de ma patience camarade
tu vois moi aussi il m’arrive de tourner mal
de te regarder l’air mauvais
pour te dire que je ne te hais pas
enlève ta main de mon épaule, sèche cette larme naissante
quand de tes paupières rouillées
aucune lueur ne voudra scintiller
quand tu auras ruiné ton être
mon antre te sera ouverte, camarade
tu y trouveras le poison et l’antidote
te soigner ou mourir d’amour car je le sais
camarade,
si tu te meurs sur mon épaule tétanisée
c’est que tu souffres autant que j’ai du mal à respirer
regarde moi maintenant camarade,
m’as-tu bien entendu ?
m’as-tu bien compris ?
Je t’offre l’opportunité de me suivre
sur les chemins de la déviance
qu’importe d’où tu viens,
en me suivant tu sauras au moins où tu vas
et comme dit Ben à Ducon :
quand tu sauras comment bien mourir,
tu pourras commencer à penser comment bien vivre »
Regarde moi dans les yeux camarade,
là, je la vois la peur,
et tu as quitté mon épaule
tu vibres d’un souffle nouveau
n’as-tu plus envie de devenir moi
de prendre mes traits, et mes maux
d’écrire mes mots et boire mes verres ?
N’en as-tu plus envie mon bon camarade ?
Tu recules, et tu veux t’enfuir
là, dans mes yeux, tu ne vois plus rien
n’est-ce pas ?
N’est-ce pas ?
Ah, oui, tu souris, de compassion ou d’inquiétude
tu souris et vois comme je suis blessé
mon vrai jour camarade, les effets du poison
tu ris maintenant, oui, tu ris
absorbe encore le dernier soupir de vie
c’est un don, prends le.

Et ne me demande plus si ça va à l’avenir.
Je suis vivant, pense librement
je vis pour quelqu’un comme pour moi
je pense à quelqu’un plus qu’à moi
et rappelle bien à ceux qui se complaisent à trouver
mes allures de défroqué un peu déplacées
qu’ils ne savent rien de la vie.
 »

Quand le camarade eut quitté les lieux,
fébrile, sincère, vivant
le visage blême remit son masque
puis l’autre par dessus le premier
et reprit sa route, vers la seule destination
qu’on est sûr d’atteindre, tous.

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