Le regard livide
comme celui du veau executé
rayon charcuterie bovine
Combien de temps que je cours dans cette ruelle
ou bien suis-je toujours nu dans la salle de bain
à contempler ma dépression foisonnante
Et ce tremblement
qui me saisit là
le vertige au réveil
ce fourmillement dans les jambes
combien de temps
combien de temps encore
avant que je me relève
Nu devant une assemblée d’humains baveurs
s’exprime le grondement frénétique
la panique, la solitude dans l’immensité
de chair brûlante
Combien de temps sous la douche froide
le jet continu de l’eau lame froide et tranchante
sur mon crâne dissimulé sous un casque de cheveux
glacés, saissant comme des épingle la chair
blanche et molle qui les réceptionne
combien de temps depuis le dernier accord de guitare
ou bien, combien de fois ce même air
répété sans cesse, sans lassitude
le regard exorbité et la pensée trouble agitée
combien de temps que je t’emmerde
avec mes théories terrestres
mes abstractions, mes exemples parfaitement insolubles
combien de temps que tu retiens ton envie de me faire taire
combien de temps que le poison s’écoule dans la faille
corrompue de passions éteintes.
Erosion lente de la chair ouverte
le sang et l’eau froide se mêlent
sur la blessure bleuie par la morsure du froid
combien de temps à espérer que tout cela se finisse
enfin
et la douleur et ces mots dans ma tête
la fureur des sentiments
le désir frénétique de disparaître
et l’envie de vivre encore plus fort
la douleur pour se sentir vivre
pour injecter dans mes veines ces drogues naturelles
qui me font jouir, et qui me font crever
doucement, doucement
combien de temps depuis le dernier fou rire nerveux
depuis le dernier baiser fougueux
depuis la dernière émotion sincère
depuis le dernier plaisir simple et partagé
depuis la mort d’un proche
depuis la mort d’un autre
depuis la mort d’un tiers
depuis la mort d’un inconnu, carrefour des Ursulines
impasse des vivants.
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