Bad Trip 31082004

La musique commence à devenir chiante, on va changer.
Tu peux mettre un « métal » de la boîte à « métal » ?
Yes, un system of a down, bien vu.

J’ai pas fait exprès tu sais. C’est le moins empoussiéré
de la boîte à « métal », c’est aussi le premier de la rangée.
C’est lequel celui-là ?


Petit silence entre Berenis et Lucie, aucune des deux
qui se connaissent très bien, ne saurait mettre un nom
sur ces séries de chansons gravées sur un cd-r de qualité moyenne.

On s’en fout Lucie, on s’en fout. Tu as ramené la poudre ?

Evidemment. Ils arrivent à quelle heure déjà ?

Il y a un quart d’heure. Quand ils arrivent, je les installe
tu t’occuperas de la poudre d’acc’ ?

D’acc’ … Je suis pas sûre d’en être capable.

De quoi ?

La poudre, eux, tout quoi.

Fais pas chier Lucie, merde. On en a déjà discuté
fallait pas venir, en plus avec la poudre, si tu avais peur
de quoi que ce soit… On va s’amuser, « merde » !

Juste un verre alors.


Quatre verres de whisky plus tard, Bérénis contaminée par un
stimulant illégal visant à accélérer ses capacités mentales et
physiques tout en détruisant lentement son système nerveux et
Lucie allongée sur le canapé, la tête sur les genoux de son amie
entendent sonner à la porte du F3 qu’elles louent ensemble
depuis cinq ans ; depuis en réalité qu’elles se connaissent
par l’intermédiaire de l’université de lettres modernes.

Putain les mecs vous êtes en r’tard là. Faites chier « sérieux ».

Bonsoir Bérénis, tiens, des fleurs. Salut Lucie, ça va ?

Salut Joe, ça va oui, on ne vous a pas attendu pour boire, désolée.

Bonsoir toutes les deux. Ouais, un peu de retard, on sort de chez
Elvis, il voulait pas nous lâcher. Il déprime à cause de sa nana
tout ça.

Salut Ed, ça va et toi ?

Hein ? T’es bourrée ? Ha ha ha
(fou rire dû à un euphorisant naturel illégal)

Putain les mecs, j’suis sur les nerfs là, p’tain… Vous buvez quoi ?

Whisky-coca.
Whisky sans glace.
Un double.
Ok, alors pour moi ce s’ra un p’tit baby.

Euh, attends Bérénis, tout compte fait, j’vais aller les préparer
les verres. Ok ? Hé hé hé
(fouf rire dû à l’alcool.)

M’appelle pas Bérénis putain, j’aime pas ce prénom de merde.
Qu’est ce t’as à te marrer comme ça Ed ? ED ? Putain…

Excuse-le, c’est à cause d’Elvis, il a fait tourner. Tu connais
Elvis…

Elvis ? Connais pô d’Elvis non. Encore un de vos surnoms à la con ?

Vin ? Tu connais Vin ? Bah Vin c’est Elvis.


Un silence nouveau s’installe dans le petit salon en blanc et rouge
de l’appartement. Ed essaie vainement de contenir son fou-rire
dont il perçoit lui-même la lourdeur. Joe se demande s’il peut
fumer et scrute timidement la pièce dans l’espoir de croiser un
cendrier. Bérénis se demande si « cette conne » de Lucie va savoir
appliquer avec justesse les doses de poudre sur les plats de fruits
et de petits-fours achetés le matin même au supermarché du coin.
Seule pour interrompre le silence, Lucie entre dans le salon
un plateau dans les mains sur lequel est posé un ensemble d’assiettes
et de verres plus ou moins vides, plus ou moins remplis.

Ah !
Ah !
Aaah hahaha !

J’ai pas été trop longue ?

T’inquietes Lucie. Tu peux me dire si on peut fumer chez toi ?

C’est aussi chez moi Joe, et c’est oui, à la fenêtre.

Merci Lucie, t’es trop bonne… h a h a h a (etc)

Alors j’ai mis des fruits si vous en voulez, ils sont super bons.

C’est cool Lucie, y’a « toucekifo » sur les fruits, ma belle ?

Hmm. Oui oui…

Euh, j’me rappelle plus où sont les vécés…

Va t’faire foutre, si c’est pour aller fumer tes clops comme un
collégien dans les chiottes, vat’faire foutre !

J’ai juste envie de pisser Béré, relax.

Ha ha ha ha. Oh merde… ha ha ha ha

Prends un fruit Ed, ça va te calmer tu vas voir.


A cet instant précis où Ed met en contact la poudre déposée sur
la tomate-cerise qu’il a choisi sans faire vraiment attention avec
sa salive, Joe se demande s’il doit se laver les mains, ou la bite
ou les deux avant de sortir des toilettes. De son côté, Lucie
dévisage Ed pour savoir si oui ou non, la poudre qu’on lui a vendu
est efficace dans la minute comme lui a assuré son dealer.
Bérénis, quant à elle, se contente de boire d’un trait son verre
en s’assurant que personne ne voit la grimace qu’elle fait en
avalant l’alcool brûlant sa gorge.

Ouah… tu avais raison Lucie, magique ton remède.

Vas-y sers-toi, te gêne pas, les fruits sont là pour ça.

Putain de merde… puissant… je suis en train de partir dans un
trip là… Elvis nous a pas arnaqué avec sa…


Pendant que Ed cherche à se souvenir du début de sa phrase pour
ensuite pouvoir la finir, Joe s’interroge sur l’intérêt de se coller
un petit fix alors que le dernier qu’il s’est envoyé l’heure
précédente lui fait encore un peu d’effet, il se demande aussi si
c’est cela qu’on appelle la dépendance. Bérénis sent dans sa tête
le battement de son coeur et trouve ça tellement amusant et pratique
de pouvoir mesurer son poul sans avoir à poser les mains où que ce
soit sur elle, alors que Lucie rompt le silence dans un éclat de rire
preuve d’une réussite jouissive.

Regarde Bérénice, ça marche, Ed commence à triper. Bérénice ?
Ed ? Eddy ? Edouard ? JOE VIENS VOIR !


Sur un papier, un soir j’ai juste écrit ça :
« un peu de poudre magique
sur les tomates-cerises
pour bien entamer le repas »

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