Confession 12112004

Mademoiselle A. arborait un sourire furieusement délicat,
elle aimait la bière presque autant que moi, pourtant elle
n’était là dedans, qu’une enfant, et de dehors la plus belle
des femmes.
Il y avait alors mademoiselle B.
Semant un regard noir, elle attendait en vain qu’on la désire
pensais-je.
Ai-je eu un jour raison à ce sujet ?
Mademoiselle C. était à la fois toutes et aucune, son souvenir
est troublé par la multitude des prétendantes, mademoiselle C. était
une belle à un moment où mes yeux étaient prêts à se livrer à elle.
De l’une à l’autre, mademoiselle D. est certainement celle grâce à qui
j’ai le plus appris, sur les beautés du corps et de l’esprit.
On eut appris tant et tant de cette belle qu’on pourrait m’en vouloir
maintenant de l’avoir perdu de vue.
Mademoiselle E. est comme le feu, dangereuse et fragile, douloureuse
quand le regard s’y arrête, et délicieuse quand il lui prend la pitié
d’entamer le dialogue avec ceux et celles qu’elle écraserait bien
volontier si elle s’en sentait la capacité.
D’autres eurent oublié mademoiselle F. et son sourire, son intolérable
amour de la vie, des enfants, des amis, qui la rendent si sympathique.
C’est une qualité chez les amies des amies, et un défaut pour les
sex-symbols, je n’aime pas les sex-symbols.
Mademoiselle G est un ange, que trop facilement je voulus oublier
j’avais peur, j’étais jeune, c’est tout.
Mademoiselle H. fut la première je crois bien, mais comprenons-nous,
la première à me reconnaître, plutôt que le contraire, j’avoue que
de l’aimer n’avait jamais été rejeté de mon saint esprit torturé.
Mademoiselle I. ?
Mademoiselle J. est un coeur, des yeux terribles, un corps, un sourire.
Elle est peut être même le premier fantasme de presque adulte. Moi, je
me souviens de cette douleur dans le bas ventre quand je riais contre
son épaule, et qu’elle déposait sur mon front le baiser d’une mère à son
amant.
Oh… mademoiselle K. et ces longues soirées d’été, vos amants, par
ailleurs mes amis, souvent les mêmes, nous qui échangions des regards,
votre plaisir, mon admiration, votre orgasme, mon admiration, votre repos
dans nos bras, mon admiration.
Mademoiselle L. était de son exterieure différence, un mirage, un petit
bonheur, et un drame, que mon adolescence naissante a transformé en
cauchemar. Ainsi elle m’apprit qu’on ne touche pas… aux muses. Quand
ses yeux se fermaient sur ma respiration devenue difficile, ce n’était
que de la confiance, pas de l’amour, mon petit garçon.
Mademoiselle M. fut à l’origine du drame de mon écriture, de la folie de
ma peinture, de l’acharnement à trouver le trait juste, elle fut le point
de départ de l’errance. Il fallut l’aimer avec un autre, il fallut la chérir
et chérir son génie. Tout lui fut accorder, le moindre sacrifice, une vie
entière s’il le fallut. Par amour, non, par passion, dévorante, destructrice.
Joli paradoxe, Mademoiselle N. parlait des femmes comme je connais les
hommes, en y intégrant la poésie et la rigueur d’une femme parlant d’une
femme. Nous discutions d’amour, comprenons-nous, de sexe, comme d’aucun
parlerait du temps qu’il fait. Et c’était bien.
Mademoiselle O. est une amante des nuits solitaires, un fantôme qu’on invoque
autour de quelques bougies, d’un verre de bon vin, et de quelques souvenirs
doux délicieux délicats, on la caresse des yeux. Et on la rend le lendemain
aux larmes de son meilleur ami.
Parfois Mademoiselle P. était extravagante, comme ses charmes peuvent
l’exiger d’elle, souvent elle riait en nous embrassant d’un regard joueur
on eut même droit à une caresse, en échange d’un compliment. Ceux qui
pensaient trop fort qu’elle eut été une fille facile, ne finissaient pas
la journée en jouissant de toutes leurs fonctions.
Mademoiselle Q. Mademoiselle Q ???
Celle-ci, mademoiselle R. a toujours été un mystère, elle donnait du sein,
pour ne pas dire du coeur, à quiconque l’aimait, penchait corps et âme
pour offrir de ses charmes généreux. Mademoiselle R. vivait, selon moi,
dans le bus.
Mademoiselle S. me comblait de sentiments forts. Tantôt le plaisir, tantôt
le désir, elle harmonisait le tout de larmes charmantes, de naïveté
tout à fait délicieuse. On la croisait alors sur des plateaux de tournage
elle y défilait, mi-nue, pour une pécadille, et aux autres de la détruire
parcequ’elle était la plus jolie, et sûrement aussi parcequ’elle détournait
les têtes de tous, hommes, femmes, vieillards et érudits assexués. Je
l’aurais protégé malgré moi, chétif adolescent de l’époque, je l’aurais
suivi jusque dans l’enfer de Dante si elle m’avait rappelé.
Mademoiselle T. était d’entre toutes la plus timide, la voix fluette, on
ne lui demandait pas assez de parler, préférant de loin quand elle posait
sur le sol, le vêtement et la dignité. Je ne l’ai pas connu bien longtemps
mais derrière ses yeux de cristal, je perçus qu’elle n’agissait que par
envie, et cela me suffit à poursuivre ma route.
Je ne connaissais pas, alors, de mademoiselle U. Ce fut une grande tristesse.
Mademoiselle V. était déjà femme quand je n’étais que petit enfant. Croyez
moi ou non, mais les petits enfants aussi, ont des muses. Ne dessine-t-on
pas pour sa maman les plus jolis des dessins ? Moi, je dessinais pour
mademoiselle V. et ses bisous sur la joue.
Connaissez-vous Mademoiselle W. ? Elle avait une sainte passion pour les
séries télévisées, vous récite des épisodes entiers avec le talent d’une
académicienne. Elle vous souriait quand vous lui posiez des questions à ce
sujet et parfois même, elle vous invitait chez elle, où il n’y a pas de
télévision.
Mademoiselle X. vous connait. Observez bien, c’esst celle qui vous rend
heureux quand vous la croisez dans la rue pour la première fois.
Je n’ai vu qu’une fois mademoiselle Y. dans une soirée, elle y dansait
seule, yeux fermés, et heurtait parfois les autres, ne se confondait pas
en excuses, bien au contraire, elle vivait et jouissait de sa liberté.
Mademoiselle Z. mit fin à cette confession.

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