La belle image
devant le miroir
dix mille fois la même en fait
les petits matins
qui suivent les longues soirées
et pourtant je me sens très bien
je souris même
en murmurant
en soufflant presque
« je suis artiste-peintre »
quelle bonne blague
Si j’ai le temps de m’arrêter
il vaut pourtant mieux que ça reste discret
l’éphémère me sauve au dernier moment
cet ange bleu aux ailes de flammes
ardentes comme l’acier des fonderies
Bousculé
c’est comme ça que j’avance
Jeté à terre
je rampe bien depuis le temps
Relevé
les béquilles ne me servent plus depuis un moment
Et à peine devenu sobre
je paie une tournée à ces d’moiselles
« à la Vie !
-qu’est qu’il nous veut c’connard ?!
-A la Vie mesdemoiselles.
-Ouais c’est ça ouais, vas-y tu bouches la vue là. »
La rue noire comme une pensée au réveil
quand je sers contre moi un drap de trop
sur si peu de chair souillée
petit homme des cavernes
cloîtré caché introuvable
un numéro sur une carte
Etre invisible, transparent
ça je sais faire
n’être rien, personne
séduire, être séduit
discuter, confronter des points de vue
se moquer, être moqué
rire pleure crier souffler
avoir peur de mourir
tout ça je sais le faire
Brillant
calculateur
masochiste par plaisir
cruel ambitieux
capable de tout pour réussir
alcoolisé jusqu’aux cheveux
ou tremblottant échevelé
au chaud dans une camisole
produit de consommation courante
créateur de marchandises écrites
créateur de marchandises peintes
créateur de marchandises dessinées
j’invente ce que vous voulez lire
entendre, voir, apprécier
je ne désespère pas d’être reconnu
brisé par la critique
admiré, haïs, enfoncé, défoncé, fier comme un ange
la tête en vrac
la tempête intérieure
la noirceur des cernes
des yeux des mains la gangraine
le poison dans sang
dans la tête dans le coeur
organe majestueux s’il en est
je ne désespère pas non plus de te revoir
tu sais.
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