Je devais m’appeler autrement
porter d’autres attributs sexuels
et au demeurant respecter
-un peu plus-
la hierarchie familiale
en me soumettant à tous.
J’aurais dû m’appeler Cécile.

Avoir vingt-et-un ans, être désiré et aimé
de mes parents, trouver une vie stable
auprès d’un connard ou d’un mec bien
et surtout devenir une bonne mère.

Je ne sais pas pourquoi ma mère s’obstine
à ce point à vouloir que je me souvienne de
mon erreur pré-natale, pourquoi dois-je
assumer le fait d’être homme plutôt que femme ?
Le désir d’être un individu complet et assumé
ne peut pas avoir entière satisfaction dans ce
genre de situation surréaliste.

Alors en ce jour de Noël,
joyeux Noël, Cécile.
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Elle est toujours ravissante
dans ses tenues nocturnes
elle sait attirer les regards
c’est pour ça qu’elle est payée

Cécile a vingt-et-un ans
elle travaille sur le comptoir d’un café

Elle n’a pas beaucoup d’amis
ce sont surtout des clients
elle connait bien les grands de Paris
c’est pour eux qu’elle est payée

Cécile a vingt-et-un ans
elle travaille sur le comptoir d’un café

Elle n’a pas beaucoup dormi
ces nuits sont longues, ses clients exigeants
elle s’en fout, elle gagne bien sa vie
c’est qu’elle n’est plus à ses parents

Cécile a vingt-et-un ans
elle travaille sur le comptoir d’un café

Elle sait qu’elle va s’en sortir
du moins tant qu’elle touche pas à la blanche
elle croit fort en l’amour même à plusieurs
c’est pour ça qu’elle vit toute seule

Cécile a vingt-et-un ans
elle travaille sur le comptoir d’un café

Elle a choisi de vivre mais à sa façon
même si c’est pas vraiment ce qu’elle espérait
elle gagne sa liberté au prix de sa beauté
c’est pour ça qu’elle est belle même à genoux.