Je bois 22022005

Je bois
je bois pour oublier que j’oublis
que tu n’es plus là, dans le lit
et j’oublis parfois que j’oublis
de ne plus boire chez moi aussi
pourtant je fais des efforts
pour ne pas boire, au lit
comme autrefois, chérie, tu te souviens
on déconnait à cette époque
celle que j’essaie, enfin celle que j’oublis
et j’essaie oui de me rappeler ton nom
mon amour, j’essaie de me rappeler
de qui tu es, et d’où tu viens
mais rien ne vient, d’ailleurs
à ce propos pardon pour hier soir.

Je bois
je bois pour savoir si je dois
t’oublier ou te recevoir encore une fois
en pleine face
pour savoir si je dois encore me saouler la gueule
en attendant de tes nouvelles depuis le lit d’un autre
ha ! la bonne blague n’est ce pas
et j’ai longtemps souhaité que ce ne soit qu’un mauvais rêve
mais non.

Je bois
je bois avec la gueule chaque jour un peu plus creusé
là où ça se voit que tu bois taillé dans les joues
ce ne sont pas des cernes mais les rivières de l’alcool
l’usure des frottements contre le comptoir du bistrot
et je bois pour me rappeler que je dois aller au café
boire encore quelques demis pour oublier combien je dois
suis-je bel et bien un de ces petits bourgeois
friqué et dégénéré par la pensée de cette pseudo-génération
sacrifée ?

Je bois enfin
je bois pour oublier que j’ai un jour existé
que dans mon lit on se bagarre pas pour loger
que ces filles que je croise n’aime de moi
que ce que je fais, mon travail en somme
lui-même en train de dégénérer, boit-il aussi
en cachette pendant que je cuve
je ne sais pas, mais je ne veux même pas
me poser la question, question absurde
je bois à votre santé
voilà pour qui je bois
je bois pour m’oublier
voilà pourquoi je bois
je bois à ta santé, ma belle
voilà pourquoi t’es plus là.

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