Qu’entends-je au loin ?
Ne serait-ce pas le galop d’un cheval monté
et bien monté, pardis
par un cavalier vivement coloré !
Il crie, il charge, ma parole !
Grand Dieu, mais que dit-il
j’ouis à peine…
Il répète sans cesse ce mot
Abnegatio !
Mais qui diable est-il
ce doux héros monté à chwal ?
Allons nous y présenter, camarades !
—
Le parpaillon et son infanterie de lecteurs dissipés
s’ébattent donc dans les prés, fauchant le vent
l’aurore naissant.
—
Ola, du ver vrillé ! Héros bien monté arrête-toi !
Nous entends-tu de toute la hauteur de ton bidet ?
– Hé l’affreux, et toute ta suite
je vous entends, nul besoin de piailler.
Et par bonheur je devais justement m’arrêter !
Une seconde, je vais pisser, j’arrive de suite.
– Fais donc, valeureux, fais donc.
Nous ne regardons pas.
Personne ne l’écrira ni ne le dira.
Entendu, ô mes suivants, ô mes liseurs ?
– (cette réplique est pour toi, lecteur, lectrice
dis ce que tu penses bon de dire à cette heure. )
– Qu’ils sont braillards tes lecteurs, l’affreux
on ne s’entend plus pisser !
– Ne prends pas la mouche, vaillant chevaucheur
dis-nous plutôt ton nom, et celui de ton animal.
– Je suis l’artiste Théodicité dit Théode et mon
chwal, que tu appelles si bien bidet est en fait
Abnegatio, bougre d’âne. Et qui es-tu, vous tous ?
– Je suis le narrateur de l’histoire et voici ma suite
de liseurs. Présentez-vous vous autres.
– (Présentez-vous diable, êtes-vous à ce point timides ?)
– Enchanté mademoiselle la lectrice
vous a t-on déjà dit que vous aviez
le physique sublime d’une actice ?
J’ai un studio-photo, si vous voulez
– Hé, du chevalier, calme tes ardeurs
et évite de faire du charme à mes lecteurs !
– Tes lectrices seulement, conteur
avec tes lecteurs je n’aurai point de coeur.
– Ainsi donc es-tu artiste, et ton cheval
de bataille se nommerait Abnegatio ?
– As-tu tout compris, comme un de ces foutus
narrateurs omniscients ? Lis-tu dans ma tête
comme dans le trou du cul d’un auteur à succès ?
Dois-je donc te pourfendre toi aussi
pour l’exemple et t’empaler à côté des sadiques
des ruelles de mon enfance dont je ferai pas l’indic’ ?
– Voyons non, je suis le narrateur… Tu n’as pas le droit.
– Alors du temps laisse-moi au moins
de reprendre mon long long long chemin
d’échanger mon numéro avec cette belle-là
qui depuis tout à l’heure lis mes paroles
semble t-il d’ailleurs qu’elle ne s’en lasse pas.
Mettons un point final à cette rencontre
et concluons enfin cette parabole
si tu m’offres un verre, enfin,
j’suis pas contre.
– A ta santé, Popol.
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