Journée d’un mort-vivant
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Levé 5h00 – insomnie.
La bouche pâteuse, à la recherche d’eau claire.
Renversée, pot d’eau sale, pot de peinture ?
Etalée sur le balatum, encre de chine.
Le poison, je le connais
il est en chacun d’entre nous
parfois il agit, parfois on le donne
ce matin j’ai l’âme égoïste
vous pourriez me remercier.
Sur la machine, mails des patrons
Du boulot pour la journée. Quelle bonne surprise.
Etat du système digestif ? Inopérant.
Nausée, cinquante pompes.
Grincements de dents, il est temps d’entamer
une bonne journée de labeur, ô mon abnégation.
6h00 – premier page de l’article sur JM Basquiat.
Première satisfaction, un jus d’orange.
La tête de la poule en chocolat, un coup d’oeil au miroir.
Grognements, c’est une bête
entre quatre murs enfermée
elle sait qu’on la guette
que des gens, fous, l’aiment
elle continue de tourner
et des voix toujours dans sa tête…
8h00 – Réveil, la tête sur la table de travail.
Tiens, il fait jour. Musique !
Ecouteurs, sélection du jour :
Placebo, NIN, Manson, Therapy?, Fear Factory.
Fenêtre, d’ici il fait jour
et dans tes yeux, le soleil brille t-il encore ?
Ici on est bien que dans le noir
les monstres continuent de rôder.
11h30 – Quelques secondes à la fenêtre
toujours nu comme un ver, il pleut.
Je ne sortirai pas aujourd’hui.
Et la pluie de pleurer mes larmes
je resterai digne de tous ceux qui croient encore
nous serons tous un jour heureux, je l’ai été
vous le serez
les bien-pensants m’aiment
comme ils ne se sont jamais aimés
entre eux.
15h00 – Choucroute-conserve, verre d’eau.
Relecture et suppression de la page d’article.
Atelier peinture : 3 toiles en cours + 1 à refaire.
Vibrations tremblements
l’ascension des plaisirs négatifs
ils hurlent
ils vantent la chapelle du désir
mais seul
faut-il résister héroïquement ?
17h00 – Aboutissement d’un nu mort sur fauteuil rouge.
Fond « chiasse » puis fond bleu, puis fond blanc.
Perforation de la toile :
la toile sera intitulée « la béatitude »
17h05 – la toile sera intitulée « l’ivresse »
Première bière de la journée.
Cette douce sensation
l’assassin silencieux
si doux et si prompt
avec qui vaut-il mieux
ne jamais rompre
sinon survient la sanction
pénible plaisir, tu tombes dedans
tu souris enfin, tu sais rire
pour de vrai de toute la misère affective
avant que ne reviennent fatalement le besoin
ce savant tortionnaire, plaisir négatif.
17h30 – Force est de constater que le frigo est vide.
Sortie envisagée : pain, bière.
L’humanité me fait peur
les sombres cons me fascinent
je n’en tuerai pas un
Il n’ont pas à avoir peur
leur aliénation me fascine
faut qu’j’prenne un billet de train…
que je les trouve chez eux
que je m’y frotte, que je m’y cogne
qu’ils me cognent et qu’on règle ça
une bonne fois pour toutes.
17h35 – Discussion brève avec l’Une. Sortie.
Boulangerie : « vous vendez de l’alcool ?
– on en a plus. *sourire* »
Cette boulangère a gardé le sourire lubrique
son âge avancé est un leurre
son regard amène en moi des idées de pure panique
cette boulangère aura son heure !
* éclat de rire *
17h40
Epicerie : « bonjour !
– bonjour, une chimay brune
– 5€90
– A bientôt
– Bonne soirée ! »
Jamais fermé quand on le souhaiterait
les marchands de bonheur artificiel
tu as la monnaie
ils ont le ciel
toute raison gardée, je vends mon porte-monnaie
ils me l’échange contre un bout de miel
douteux.
18h30 – Après une errance dans les rues grises et fréquentées,
rencontre de la voisine :
» J’ai plein de trucs à te raconter, tu viens prendre l’apéro ?
– Va pour l’apéro, je descends le fond de vodka, j’arrive.
– A tout de suite. »
Est-elle belle uniquement pour ses récits ?
Est-elle belle juste pour ce qu’elle vit ?
Je t’écouterais des heures
J’aime sécher tes pleures
Enfoiré de romantique, je être.
21h00 – Fin de l’apéro, je remonte chez moi après quelques vodkas.
Ouverture de la chimay brune.
Bande vidéo du soir : clips de Manson / NIN
Violence.
Mur, douleur
mur, douleur
mur, sang
miroir
mur, couleur
peinture, nous y sommes !
21h15 – Premières peintures corporelles.
Abnegatio sur le bras gauche.
Croix sur le coeur.
Moqueries devant le miroir.
Hé ! regarde moi, je suis un héros
comédien par nature
le maquillage me rend plus fort
mentale torture
je connais ça, regarde moi !
Ce soir ou jamais
si je te tue m’en voudras-tu ?
Ô mon ange, comme je t’ai aimé
ce soir je me tue.
21h30 – Fin de la chimay.
Chaos.
Guerre.
Ma violence est intérieure
Je t’ai tellement hainé
aujourd’hui arrive l’heure
la route continue, chemins séparés
Je plonge et tu renais
Le chemin me plonge dans une torpeur
aimant amant sans fin dévoré
je te déchire en lambeaux
et tu me reviens plus belle que jamais.
—
La défonce à tout prix
pour te survivre
loin de moi tous ceux qui veulent me relever
pantin inarticulé, je marcherai dans vos bras
mais seul ? Alors laissez-moi
j’ai assez de dignité pour seul me redresser.
Ne croyez en rien, croyez en moi.
Minuit – Premier repas décent envisagé.
Pain, viande.
2h00 – Discussion avec l’Une.
4h00 – Sommeil.
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