Je t’écris de l’au-delà des folies passagères
passager insaisissable sur la voie du déclin.
Survolant les cimes et les crevasses
sillonant les vergers dans les cimetières
je m’abreuve de pulsions suicidaires.
Sous les rochers se terre le sang
ruisselant en cascade
sous les manchons de lin
Comme promis seul je m’accompagne
dans cet état de fait
dévorant ma propre chair
pour me sustenter.
Marie-Anne, l’ossuaire ne m’a pas suffit
J’ai bien vu l’enfer mais je lui survis
Je continue à tracer ce chemin au plus profond de moi
Mon amour, je t’en prie, en lisant cette lettre ne me rejoins pas.
J’ai pratiqué l’arsenic sur les scènes impies de la magistrature
J’ai frôlé l’alimentaire en me brûlant les ailes au papier de verre
ça ne m’a pas fait peur quand on m’a tiré dessus
c’est le prix que ça coûte quand on a plus un sous à soi.
J’ai échoué sur des récifs de coraux écarlates
La tête percée par une victorieuse corne aubépine.
On a dû frapper fort pour me sauver de là
de l’au-delà d’où je t’appelle.
Fermant sur ma bouche les dix doigts qu’il me reste
étouffant l’effroi d’un quelconque réveil
Je t’écris belle enfant sur la rive du dernier sommeil
cerné mais repus des caresses de cadavres qui empestent.
Il en a fallu des flèches pour me téléguider
sur la voie du déclin où je me suis vu tomber
assailli de prétendants travestis en devenir
j’ai rompu toutes les cordres pour ne jamais revenir
tu comprendras pourquoi je pense
les séquelles qu’il me reste se suffisent à elles-mêmes.
On me mitraille encore souvent de fadaises
au détour des villages où survivent des demi-morts.
Accroupi dans le remord, la braise
Je ne pinaille pas pour un escapade sur ton corps.
Assez tôt j’ai connu
ce sentiment, le même.
Brassée d’insouciance et de mélancolie
Une mélopée au travers de laquelle
s’exprime enfin toute la Folie.
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