Sale histoire 05082005

Ils m’attendent en bas.
Je saigne du bras droit.
Cela fait trois fois qu’il appelle à l’interphone.
Ce type ne sait pas ce qu’il veut.
Ou alors, il le sait trop bien.

Un coup d’oeil par la fenêtre.
Les cendres de la clope planent jusqu’à la carosserie de sa caisse.
Hum.. belle caisse.
Il me regarde d’en bas.
Il me regarde de haut, je croise son regard.
Lui, il veut en finir.

Un coup d’oeil à la voiture.
Elle le regarde, lui.
Elle est inquiète, ou pressée d’en finir, aussi.

Une goutte de sang vient percuter le sol.
Oups, pardon le sol.
Toi, au moins, pour l’instant tu n’es pas impliqué.
Mais ça ne saurait tarder, n’est-ce pas ?

salut, huître.

tu veilles ?

bof
je parle avec mon copain
on parle de baise
mais je fatigue un peu il est tard

ce sont des choses qui se font

la baise c’est pas votre truc ?

non

pas dans le terme ‘baise’

hum.. enfoirés de romantiques ^__^

oué c’est une petite fleur bleue mon mini homme

c’est précieux

voui
il veut même plus dire le mot ‘baiser’

hum.. il est précieux

ça l’a traumatisé
précieux dans quel sens ?

dans le sens que tu entends

rare

si tu veux

ou bien prout prout ma chère ?

c’est à toi d’en décider

mh
je m’en fiche j’aimerais savoir ce que toi tu entends

moi, j’entends la sirène de police qui s’amène

ah bon

qu’est-ce que la baise, sinon le propre de l’Homme à l’état animal

moué
faut croire que le mien est plutôt végétal
d’où la fleur bleue

hum.. c’est assez juste
l’amour, c’est le nom qu’il donne à la baise ?

non
parce que c’est pas la même chose

Alors comment appelle t-il cela ?

il l’appelle pas
pour lui ça existe pas

Hum.. il essaie de rester une petite fleur bleue, fragile et délicate alors.
Mais son engrais, celui qui le fait rayonner, il vient bien de là, pourtant.

non il vient de moi

C’est la même chose.

J’enfile des jeans.
Je prends mes clefs, je finis la bouteille, la clope.
En descendant l’escalier, je vérifie mon paquetage.
Tout y est.

Au rez-de-chaussée, la porte vitrée de l’entrée me sépare du visage
de cet homme. Bel homme, l’oeil vif, trop vif pour l’heure.
Ils ont pris de l’avance sur moi, sans doute.
Je ne suis pas en retard, de toutes façons.
Nous ne pratiquons pas les mêmes ingrédients.

Kestu foutais ?

Je finissais ma besogne.
Et je préparais mes affaires.

Et tu es prêt ?

Bien sûr, oui.

En voiture. Elle s’appelle Alice.

Bonsoir Alice. Ton ami s’appelle comment ?

Peu importe. Mets ta main, là.
Tu as bu ?

Oui, il a bu.

Comme prévu dans le contrat, je ne pose pas de question.
La voiture nous transporte, je transporte Alice.
Peu importe, où allons-nous ?

Je n’en sais rien. L’adresse m’est inconnue.
Ne pose plus de question.

Alice s’est envolée, déjà. Nous venons à peine d’arriver.
Belle demeure, un particulier.
Un riche particulier à qui nous allons offrir son plus beau spectacle.

Habille-toi Alice, nous sommes arrivés.

Une seconde, j’ai paumé un bas.

Grouille-toi.
Les autres sont sûrement déjà arrivés.

Et question sécurité ?

Toi, ta gueule.

Intérieur très « tendance ».
La musique est assourdissante mais accompagne à merveille la scène.
A l’entrée, continue de veiller un garde au visage marqué par l’expérience.

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