Histoire de me changer les idées
cent vingt-cinq pompes dans le jardin
côté cour, les voisins m’encouragent
en claquant des mains.Allez allez bonhomme, tu peux arrêter
respire mon grand, respire, tu vas t’asphyxier.

Une belle brune aux cheveux courts
gisait sur sa bicyclette, perplexe devant l’effort commis.
« Hé mec, tu vois pas qu’elle est partie ?
-Hum ? se relevant en peine
-La meuf, elle s’est tirée.
-Hum.
-Alors te sens pas obligé de pomper
-Hum.. »

Des yeux gris, des yeux bleus, ou rouges
il faudrait que je m’approche pour connaître leur couleur exacte
la belle enfourche l’animal mécanique grinçant et s’échappe.
Je la poursuis, je la traque, elle me conduit sous une nappe
de brouillard et d’acier, un pont neuf sous la scène ou ailleurs
la respiration des planches encore chaudes sous les projecteurs
voilà qui m’éclaire sur ma position géographique.Devant MON public.
Nu, au moins le haut.
Je viens de pomper des kilolitres de sang
en aliéné frénétique, devant cette foule informe et sombre
sous les feux de la rampe, comme sous un bûcher
je rougis, tant de l’effet que de que de l’effort fourni
la foule acclame le défunt.

Bravissimo !
Bravissimo !