Le venin 17092005

Juste un pont à traverser
et autant d’occasions de s’y jeter
à corps perdu, l’âme vendue au diable
depuis si longtemps
qu’avec ma carte de fidélité
je peux me payer un palace en enfer

j’suis prêt à n’importe quoi
pour pas rester seul
et j’suis par conséquent
prêt à vendre mon âme de pouët à la con
pour satisfaire le narcissisme
de tous les connards et de toutes les salopes
de la planète.
ça y est, la décadence, j’y suis jusqu’au hanches

et ça montera pas beaucoup au-dessus de la ceinture
hélas, hélas !

si tant est qu’on ait été un jour de la même espèce
j’aurais acquiécé, en souriant, en riant même comme un hystérique
mais je suis exigeant, je reste digne malgré tout
et je ne me plie qu’à leurs désirs les plus hygiéniques

ça le fait bander de me voir en femme
et bien soit ! qu’il me touche et je lui fends la mâchoire
ça la fait rêver d’avoir un « artiste » à sa solde
allons-y, ça n’ira pas plus loin !
cette autre qui veut bosser avec moi, soit
ça fera du 50 € par séances, même mieux payée que moi de l’heure
allez, allez, et retourne dormir chez toi, pauvrette
ça n’est pas encore pour ce soir !

vie de merde. Mais vie.

et j’irai me rompre sur d’autres rivages encore
dans les rigoles des trottoirs
et on dira, mais pourquoi ?
et je dirai, mais c’est rien, c’est la vie.
Et vivant, plus que mille hommes
on continuera à boire mes écrits
à se branler sur mes toiles
et à me ramener chez moi, ivre-mort

voilà pour le venin

ça fera encore un joli texte à la relecture.
Puisque je l’aurai toujours ma belle gueule
puisque rien est amené à changer
je suis bel et bien résigné à m’y complaire.
Dans mes cauchemars, les gens m’aiment.

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