Assis sur le toit du monde
un poil présomptueux pour l’occasion
je regardais de haut tout le petit monde
s’affairer à ses activités quotidiennes
Tout autour de la grande horloge
une farandole costard-cravate
défile d’un pas leste et pressé
transpercée ça et là par quelques dilletantes
Là-bas un vagabond, ici une étudiante à la lecture
Près des lourds immeubles illuminés
grondent les téléphones portables
au rythme du cliquetis des claviers
un flot électrique semble les animer
quand soudain un saboteur sylvestre
interrompt les conversations
vrombissant de son feuillage malade
Au coin d’une ruelle, les adieux des amoureux
laissent sans voix un technocrate
qui au souvenir de sa passion dilapidée verse une larme
bercé de la mélopée des gaz d’échappement
le sol tremble au passage d’un trente-huit tonnes
les coeurs vacillent
voilà trois nouveaux couples formés
Et portés par une longue litanie
les mères et les enfants se resserrent
autour d’un des leurs sacrifié
sur l’autel de la modernité
lorsque les fluides se mèlent au bitume
il est temps que les sirènes fassent leur entrée
Il fallut bien que je redescende de là haut
il y faisait froid et j’étais bien seul
alors installé au pied de la grande tour
je prêchais pour une heure encore un peu d’amour.
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