Douze Août 2005 (passé Valence) 27122005

Le plus grand chef d’oeuvre narratif restera sinon
les écrits de Kerouac, la mise en pratique de ses
épopées ferrovières. Les heures de train se
cumulent joyeusement entre torpeur profonde et
nervosité latente. A l’heure où l’aventure
s’achève, le jour en guise d’illustration se
meure et à mon tour j’ai sommeil en repensant
-passé drame de ma vie – à ces trois jours
innovants et mortifères. Là, j’ai perdu tout à la
fois une fille et toute la trame de mon histoire
qui y était attaché. Oh, et come dit encore ma
mère à l’heure de l’apéro : « tu as le temps de voir
venir et la vie est devant toi. » Effectivement
je la vois venir haute de trois hommes et je fonce
droit dedans en suicidé, en kamikaze, le coeur allégé
et néanmoins riche de ses expériences.

On peut se reprocher des siècles d’être marginal.
Le temps passé à se le reprocher n’en est pas
moins perdu. J’encourage le temps des voyages
ferrovières. Il s sont souvent l’occasion
d’un sérieuse remise en cause. Je pense surtout
à ces rendez-vous d’amour qu’on donne à l’autre
bout du pays ou du monde (!) et aux heures
écoulées à se répéter sans cesse les mêmes
interrogations insensées, sera t-elle là
et serai-je à la hauteur ?
Les retours n’en sont pas moins palpitants
marqués d’un tempo quasi mécanique entre le
moment des souvenirs et celui des larmes
quand la gorge sèche et fermée vous sentez
monter les sanglots dans votre siège cerné
d’anonymes. On en vivra pas tant que ça
des moments forts du moins on les appréciera
tant que l’aigreur et l’usure de ce temps
dont on parle n’auront pas fait leur office.

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