– Hey mec, imagine : c’est la guerre demain. Tu sais, avec les médias qui propagent des images de haine, qui manipulent les esprits, tu sais… le même scénar’ que ces putains de guerres mondiales tu vois.. Imagine : les keufs viennent te chercher pour aller faire la guerre, tu fais quoi ?
– J’me cache !
– Ils te trouveront.
– Non mais je me cache bien.
– Ouais, ils te trouvent quand même.
– J’me flingue.
Restons calmes. Du haut de ma tour
les esprits s’enflamment, on les voit bien d’ici.
Le dieu télévision a dit : « ceux-là sont le Mal ! »
Voici la nouvelle croisade.
Nous avons le droit de ne pas regarder la télévision.
Nous avons le droit de penser par nous-même.
Nous avons le devoir d’ouvrir nos esprits
et de douter de ce qui est dicté, décrit, imposé.
Nous avons le droit de douter de nous-même. De ce qu’on croit savoir.
Il n’est pas encore temps de trembler dans les rues
En observateur du soir, j’erre dans les rues sans le moindre encombre.
Faut me voir, du haut de mon mètre soixante-cinq et de mes quarante-cinq kilos
je pourrais mourir à la moindre mauvaise rencontre.
Mais pour l’heure, la plus mauvaise rencontre qu’on puisse faire la nuit c’est moi.
C’est nous. C’est tout ce monde qui craint l’Autre, qui craint l’Inconnu.
– Hey mec, sois prudent, hein ?
– De quoi ?
– Dehors… tu sais, les gens.
– Les gens ? C’est moi.
– Mais les autres.
– Les autres, c’est moi aussi.
Dans l’horreur de la paranoïa généralisée
les vindicateurs et les estropiés marchent d’un même pas
à la cadence du tonnerre des armées
Hé, toi là-bas, ne me regarde pas, je te l’interdis parceque.
Quand tout le monde aura bien assimilé la leçon télévisuelle
quand sur le modèle des états assemblés
on invitera le peuple à mourir pour trois couleurs
Il sera trop tard.
Vous avez le droit de ne pas entendre les lancinants
élans xénophobes qui surfent sur les ondes des chaînes d’état.
Restons vigilants non pas à nos arrières
mais bien à notre avenir.
A quoi bon vivre dans la peur, si c’est pour aller vendre notre peau
sur des champs de bataille fabriqués de toutes pièces
par une société mourrante ?
Quand à mon tour je serai censuré, Marianne
je te transmettrai par intermédiaire mes dernières pensées
il te faudra alors te protéger, je sais, ce fardeau est lourd
mais nous le savons, contre la guerre il faut nous aussi livrer bataille.
Si ce doit être la dernière, pour nous, qu’elle soit glorieuse
envers et contre toutes les pensées aliénées.
– Hey mec, tu penses à quoi ?
– A ma gueule, si y’a la guerre.
– C’est pas nous qu’on ira.
– Ptêt bien, mais ça me rassure pas.
– T’façon y’aura pas la guerre alors…
– On commence déjà à essayer de censurer les journaux tu sais, et ça c’est pas bon.
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