Cultural studies toi-même 28112006

Quand j’ai entamé ce projet de reprendre la fac dans un autre domaine
que les arts plastiques, il m’était offert plusieurs possibilités, dans un
autre master, en théâtre ou en cinéma.
J’aurais été largué au début bien sûr, mais je suis un bosseur, j’aurais
repris le cap, et à grands coups de concepts je serais arrivé au niveau
en quelques mois.
Mais non, il a fallu que je dérape sur Industrie culturelle et culture de masse.
Un plasticien au pays des culturalistes. Art et culture ne font pas bon ménage.
Je voulais m’assurer que ce dont on m’avait parlé, en Arts Plastiques n’était
pas qu’une rumeur, un vilain ragot.
Non. Ce n’est pas une rumeur.
On m’annonce rapidement la couleur :
« les esthéticiens et les artistes n’ont rien à voir avec les cultural studies
nous ne pouvons pas être d’accord ! »
ou encore
« c’est simple, écrivez un article d’analyse sur une prétendue communauté d’artistes
et vous aurez 2. Les artistes n’appartiennent pas à des sous-cultures. »
(sous-entendu, ce sont des dominants, des méchants qui écrasent les dominés.)
Je suis un méchant artiste et j’écrase sous mon mètre soixante et mon pouvoir d’achat minable
les « sub-cultures » au merchandizing rutilant, aux portes-paroles fort en gueule,
aux communautaristes extrêmistes – les cultural studies sont d’influence marxiste.
Well done Bobby.
Il me reste à faire le dos rond et à accepter d’écouter tout un tas d’âneries sur l’art.
Six ans que je peins, presque autant que je suis des cours d’esthétique, de modernisme
d’histoire de l’art en somme et de philosophie, qu’on m’apprend la précarité, le système D
et l’engagement artistique, voire politique pour aujourd’hui recevoir dans un cours
magistral des réflexions du type :
« les artistes ne sont rien sans nous, les médiateurs de la culture. »
« l’art est une arme de l’élite culturelle pour opprimer les sous-cultures »
« saint huître est un trotskiste, brûlez-le ! »
Non bien sûr. Ils ne me brûleraient pas. Mais chaque discussion qu’ils essaient d’avoir
se résumer à comprendre ce que je fais parmi eux. Moi qui suis en toute logique sensé
briller sous les feux de la rampe, dans les galeries, des petits fours plein la gueule.
Voilà, j’avais besoin d’en parler au néant qui visite ces lieux.
Une dernière chose : les cultural studies définissent, redéfinissent les modèles identitaires sociaux
de sorte à contribuer à l’émancipation des identités hétéronomes produites dans les
sociétés post-coloniales.
Cela se fait en pratique par le détournement des techniques universitaires normées
en croisant plusieurs disciplines d’études culturelles et sociales, le tout de façon
subjective.
Ils refusent par exemple qu’un anthropologue ait une vision objective sur une culture.
Non à Levi-Strauss par exemple. On l’accusera de « blanc ». Il a un point de vue de blanc.
Effroyable non ?
En comparaison, aucune remarque à l’encontre des queer studies ou du féminisme
ne doit être formulé en cours (je m’en mords les lèvres), sous peine d’être catalogué
homophobe, macho et mon mot préféré « réactionnaire ».
Allez, je vous envoie des bisous.
Et à votre santé,
je dois commencer à écrire un article pour les alcoholic studies !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.