L’art ne trompe pas 26012007

J’étais de sortie, avec la ferme intention
de revenir au moins en marche arrière
et sur les mains si j’en avais encore la puissance
nous nous étions retrouvés avec des camarades
dans un de ces trous sombres où les cafards
de notre espèce oublient leur condition
le temps d’une ivresse violente.
ça fait des semaines entières que mon écriture est censurée
et ça fait des semaines que je continue à essayer. Essayer.
Produire un texte, une image, un son, est devenu source d’angoisse
et pourquoi ? Parce que je veux protéger mon couple.
Ouais mec, la pire des situations qui soit pour la création
c’est bien de devoir justifier chaque fait, chaque geste, chaque bière et chaque récit.
pour moi ça tombe sous le sens : 90 % de mes histoires sont romancées
et 90 % de mes histoires parlent de rencontres merveilleuses, et de coups d’enfer.
Ouais mec, la pire des situations, c’est de ne plus pouvoir créer
-lire : fantasmer – en calme, luxe et volupté. Et tu sais quoi, mec ?
Le pire, vraiment, c’est que je vis de cette vie inventée
au quotidien.
J’espère t’avoir convaincu mec,
parce qu’on va pas pouvoir continuer à vivre ensemble
si tu m’interdis de retourner au Cube, voir cette journaliste.
Ecoute Mireille, j’ai besoin de vivre la trame du scénario
de ma prochaine nouvelle… tu veux que je participe au loyer non ?
C’est toi-même qui me dit que je suis un parasite, un fardeau, un boulet.
Si si, tu as dit boulet. Et bah je vais changer.
Mais pour ça, je dois retourner au Cube, avec ce carnet
ce stylo, ces clopes, et cette veste grise.
Comment ça ? La valise aussi ? Ah.
Adieu, Mireille.

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