Ce bourdonnement sourd me revient en tête chaque instant que je passe hors du rôle que je me suis attribué
et que la société accepte, tolère et respecte tour à tour
selon les jours, les saisons et les contextes.
Ce bourdonnement sourd me rappelle à la question primaire
la question la plus simple, la plus évocatrice :
pourquoi je fais ceci plutôt qu’autre chose ou plutôt que rien ?
Qu’est ce que cela signifie ? Quel est le sens d’aujourd’hui ?
Ah, nous y voilà, la crise existentielle !
Le dernier retranchement de la poésie face au monde barbare.
Croiser les bras, croiser le fer. Attendre, combattre, se débattre. Echouer.
Recommencer.
La situation qui me permet d’en arriver à cet état statique
que je rapproche de la prostration
oserai-je ajouter, mélange savant de prosternation et de castration,
cette situation donc, est le fruit d’un long silence
qui dure depuis des mois et qui pourtant semble vibrer comme un hurlement de terreur.
Je ne me rappelle plus très bien,
mais il me semble qu’à un moment donné
j’ai raté une marche. Je suis tombé.
Maintenant, ce que je suis, ce que je fais, ce que je vaux, ce que je souhaite,
ce que j’admire, ce que je condamne, ce que je pense, ce que je crie, ce que je ris,
ce que j’aime, ce que je hais, ce qui m’attire, ce qui me rend muet, ceux qui me donnent du travail,
ceux qui m’envient, ceux qui m’ignorent, ceux qui me respectent, ceux qui ont réussi,
ceux qui continuent d’échouer, tout ce qui trouve sa place dans mon quotidien de gré ou de force,
tout cela me dégoûte profondément et durablement.
La terreur me fige dans un état second,
souvent je m’absente de moi-même
de ce corps inadapté à la condition humaine
de cet esprit instable et fragile.
Le silence est ce qui me reste de plus précieux
je le cultive avec beaucoup de patience
il grandit et s’installe à présent.
Mes paroles se brisent peu à peu sur les parois qu’il construit
entre le monde et moi.
Je veux être seul pour ne plus avoir à supporter le monde.
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