Il y a quelque chose de brisé dans ma tête qui…
L’automne est ma saison préférée, je crois.
La terre qu’on retourne, et ce vent encore chaud de l’été qui s’en va
cela me rappelle l’enfance, et quelques bons souvenirs qui s’effacent peu à peu.
Les rats. La pluie. Le vent. Le froid. La nuit, tôt.
Puis encore plus tôt. Et encore. Et..
Ce parfum me revient parfois la nuit.
Je ne sais pas le définir, mais je le reconnais. Les mots pour le décrire m’échappent.
Ce parfum me pénètre et m’abime. Il me ramène à un unique souvenir.
L’automne élève ce parfum, parfois, des rues commerçantes. Je m’en écarte.
Et les nuits sont peuplées de monstres hideux imbibés d’alcool et de fumée
qui me protègent tout autant que je les supporte dans une osmose semblable à la mort.
Ou bien, à l’angoisse du voyage. Métempsycose.
Je ressens cette incertitude du choix de ne pas être allé là où peut-être tout se serait terminé.
Je perçois la honte d’avoir échoué et d’être reparti.
Je voudrais avoir eu le temps de la réflexion et dix ans de plus, un instant seulement, pour voir venir.
Je suis le phénomène de frustration relatif à l’immersion dans la sphère ultra-sociale d’un individu lambda ni trop bon, ni trop con, perché depuis deux décennies dans la sphère bourgeoise.
Rongé par ce souvenir d’une course vers l’idéal, interrompue par erreur, et stoppée par nécessité de me raccrocher à des liens humains que je dois à ma culture et à mon éducation religieuse, le monde que j’observe est sale, sans saveur et sans teint. Ma vie, certes, aurait pu s’éteindre dans une seringue, un soir d’été dans la Somme, après beaucoup de larmes et de rires et d’extase et de terreur et d’angoisse et de manque et de plénitude. Et aujourd’hui je marche sur des sillons étroits, rugueux et droits. Victime et complice de ce que je suis devenu, finalement un adulte complet.
L’évolution fut laborieuse. Elle n’est jamais réellement terminée. Il y a des jours d’octobre durant lesquels j’attends la nuit nerveusement, comme un signal de détresse, un appel aux secours – qui finissent toujours par arriver.
Et quand tout arrive alors je m’endors dans un très long rire d’agonie.
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