J’étais là, à attendre que le temps se dilate
comme un anus
la bière au bord des lèvres et l’absence naissante
je me demandais comment cela était possible.
Comment cela était-il possible ?
Tant de labeur pour finalement n’être plus rien
qu’un quidam démonté à la chimay
un vendredi soir quelconque sans fête sans alibi
et cette putain d’envie de vivre
anéantie par le désir d’être quelqu’un.
Au fond, c’est simple, le désespoir.
N’être personne. Ne pas être celui qu’on aurait voulu.
Et ne plus se reconnaître dans le miroir,
il est huit heures et je m’ennuie.
J’ai peur. Peur de changer, peur de partir.
Piégé comme une bête sauvage, à qui on veut inculquer l’obéissance
comme une machine aux rouages mal agencés
qu’on cherche à rendre productive.
Comme une pute dans un champ qui cherche à achalander
le passant mais qui néglige son port du talon haut
par dépit, dédain ou névrose.
Dans des temps obscurs et absurdes, j’ai survécu
aux heures pleines et aux heures creuses
je subsiste désormais à mes propres besoins.
Maintenant pour réagir, je démolis tout ce qui me reste.
Il faut l’admettre.
Souffrir, plaisir du travailleur conquis.
Soumis, tête baissée et regard qui veut en dire plus.
Mais rien et bientôt le néant.
Attendre que les choses bougent, la jeunesse n’a pas encore fait son ouvrage.
Réagir est acte de bravoure mais le travail achève de nous détruire
et d’annihiler toute pulsion de révolte.
Alors dans le miasme de nos défiances
un sourire sur un zinc est une forme bénigne de révolte
inutile et efficace comme une cigarette cramée sur le bar
en attendant la suite et en concluant que rien ne bouge
sinon l’âge et la détresse
stupeur et testament
je vous attends, et vous viendrez
je viendrai dans quelque temps
stupeur et testament.
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