Il y a des mots que tu ne devrais pas savoir. De ces formules magiques qui te bouleversent et t’entraînent trop loin. Ne plus s’en faire, c’est être humain malgré tout. Un flottement entre deux phrases, une emphase, un déclic et soudain le néant. Je me suis érodé à tes sonorités.
Quelque soit l’avènement, et qu’importe l’évènement, je te reste intègre et dédié. Le sacrifice total pour voir venir.
Elle était comme le reflet d’un soleil arraché à la nuit. Ses paroles me laissaient pantois, il faut dire que je n’y comprenais pas grand chose. Il n’y avait pas d’avenir pour notre plaisir d’être à deux. La distance, doucement, s’est installée. Elle devait devenir mon avenir impossible, et je devais la contempler. Ainsi va la vie, n’est-ce pas ?
Comme on se lasse d’un bon film à force de trop le regarder, j’ai détourné mon regard. Elle s’est échappée vers son destin.
Plus le temps passait, plus je sentais la picole. Il y avait bien ce boulot pour me contenir quelques heures, mais dès que la nuit venait, le refrain était toujours le même. Parce que l’obscurité ne dure jamais assez, parce que la solitude était un renfort à mon incertitude, il fallait bien que je sombre un jour dans l’ignorance.
Elle était belle – elle l’est toujours – et je pouvais lire son devenir sur toutes les scènes. Tandis que je lisais, les articles devenaient flous, autant que ma mémoire.
Il y avait cette table rectangulaire, au retour d’une soirée un peu arrosée. Quelques chaises, un admirable témoin pour ami, et nos fous rires à n’en plus finir comme si rien ne devait plus exister. Je t’ai dévoré des yeux en me promettant de ne jamais te faire de mal. Cette promesse m’a détruit et tu ne le comprendras pas. Peut-être même que c’est ce que tu souhaitais, et je ne l’ai pas admis.
Il y a tant de volonté en moi pour détruire tout ce qui pourrait me faire grandir, tant de légitimité et d’inexactitude pour sombrer dans l’ignorance. Je t’aurais pris la main pour te dire adieu, et après la seconde de colère nous aurions été heureux. Seulement la volonté est une forme noble de la lâcheté.
Il ne reste que les regrets chaque fois que je te revois. Et dans ta grande bonté, tu ne m’en veux pas. La volonté est une arme de destruction massive.
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