Dans ce rêve, j’ai distinctement ressenti une coupure franche, comme une lame sur la peau dans le creux qui se forme entre le bras et l’avant-bras. Dans ce rêve, cela m’a réveillé. J’avais mal d’abord, mais ensuite j’avais peur de salir les draps avec le sang. Car j’étais convaincu que je saignais. Assis dans le lit, je constatais qu’il faisait jour. La lumière pourtant semblait irréelle, trop vive, comme à l’hôpital ou sous une verrière. Et tandis que j’étendais le bras, un fourmillement me rendit brusquement anxieux. Dans un soubresaut de dégoût, je constatai alors qu’une chenille émergeait à moitié d’une veine au creux de mon bras. Je voyais la veine sectionnée et saillante. La chair autour à vif semblait déjà en partie cautérisée. Aucune trace de sang, cependant, sinon un liquide blanc et épais semblable à la sève ou au laitage auquel se mêlait l’insecte dépigmenté à demi enfoncé. Je ne pouvais pas deviner alors si cette chose vivante s’échinait à entrer ou à sortir de mon corps. Quelques points noirs parsemaient son extrémité répugnante, se mêlant étrangement aux grains sombres de mon épiderme diaphane. La scène dont j’étais spectateur contemplatif et victime imbécile me fit perdre d’une certaine manière la raison, tant et si bien que je ne pus réprimer une furieuse démangeaison à l’endroit même où l’animal avait décidé de s’introduire. La chenille blanche fut sectionnée en deux parties dès le premier coup d’ongle : ce que je présumais être la tête roula le long de mon bras, puis de mon abdomen avant de se recroqueviller sur le drap, en déversant une humeur visqueuse translucide. L’autre partie gigotait encore à l’intérieur de mon bras. Ce n’était plus un fourmillement mais une véritable crampe. La douleur siégeait là où je pensais que rien ne pourrait l’atteindre. Et pourtant je me mis à comprimer d’une main rageuse ce bras corrompu pour en extraire le mal. J’ai pressé, et enfoncé l’ongle dans la veine, comme on retire une écharde. Le soulagement vint après quelques secondes d’angoisse. De la veine gisant hors de mon bras sortit un minuscule bout de chair pâle noyé dans un miasme trouble d’une teinte variant du noir au beige.
Choqué, bien que rassuré, je décidais de me rendormir, dans ce rêve.
Je me réveillais quelques temps plus tard. Nous étions lundi matin, il était 6h30 et je devais retourner au travail.
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