Carine

Vu Carine aujourd’hui à l’épicerie.
Regards croisés, nous n’avons pas oublié.
C’était une nuit d’été, trop chaud.
Nous étions si jeunes, si beaux.
J’ai posé le pack de bière sur le comptoir.
Elle a dit « 5,70, s’il te plaît ».
En rendant la monnaie, nous avons souri.
C’était un soir d’été baigné dans l’insouciance de notre adolescence.
Tous les trois, dans le salon, devant les programmes de la nuit. Tellement d’amour pour combler le vide de nos vies.
En sortant, j’ai dit « salut ! » en prenant soin de ne rien ajouter.
Ce qui fut ne sera plus jamais.
Avec le temps, l’insouciance s’en est allée.
Je range le pack dans le coffre puis je démarre le moteur.
Prenant la route de Lille, je pense « en tout cas, toi, tu n’as pas tellement changé. Ces années d’errance ont sculpté les traits de mon visage, rougi ma face et mes yeux. Tandis que tu restes semblable à ce temps perdu de notre adolescence, souriante et pleine d’empathie. »

A présent que le pack est éventré, le souvenir devient un mythe dont j’essaie encore d’extraire l’essence pour témoigner. Nous étions entiers et disponibles.
Et puis j’allume une cigarette au balcon en attendant que cette putain de nuit finisse par laisser sa place au petit jour.

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