18h10.

Aujourd’hui, et jusqu’à l’instant où mes doigts percutent les touches du clavier pour écrire ces mots, j’ai fumé six cigarettes. Il est fort probable que j’en fume encore deux d’ici minuit. Je bois un verre de lait.

Je retiens de mon entretien avec Alain, dimanche dans la voiture, que l’excès de tabac ne tue pas au volant, n’est pas une faute professionnelle – au moins dans ma catégorie socio-professionnelle -, ne ruine pas les efforts pour entretenir une vie sociale et ne génère que peu de risques de décès à court terme. Je retiens de mon entretien avec Alain, dimanche dans la voiture, que par deux chemins différents parfois on arrive aux mêmes conclusions.

Je bois un verre de lait. Je ressens présentement une pression nerveuse assez puissante, une forme d’oppression qui se traduisait tout à l’heure dans la voiture par des nausées. A présent, je suis assis sur une chaise devant un bureau dans le studio que j’occupe à Lille, mes doigts percutent les touches du clavier pour écrire ces mots et je le sais, je le ressens, je ne peux pas les oublier ces putains de trois bières qui sont là dans le réfrigérateur à environ deux mètres de moi. Je le sais, je le ressens, je ne peux pas.

Je bois un verre de lait. La prise de conscience de cet état, de mon état, n’est pas nouvelle. A chaque gorgée bue, et jusqu’à la dernière, depuis plusieurs années, j’ai ressenti à court ou moyen terme un sentiment profond de dégoût.

Ce ne sera pas facile. C’est une question de volonté. Pas que. L’INPES indique que les cinq premiers jours sont les plus difficiles. J’imagine que ce chiffre annoncé est issu de statistiques tirées d’études de cas pris au hasard parmi un panel de malades dépendants. Alors, j’imagine qu’il faut s’y fier et s’en méfier. Se méfier de soi d’abord. Dimanche, Alain m’a dit : « tu dois te faire aider ». Pas que.