Aujourd’hui j’ai fumé une bonne dizaine de cigarettes et je n’ai pas bu.
Outrepasser un mode de vie, c’est surtout réussir à se défaire de l’identité culturelle dans laquelle on a été élevé. S’affranchir des habitudes, des automatismes, des mécanismes en chaîne qui font qu’à 17h30, c’est le début des heures supplémentaires et qu’à 19h00, c’est le début de l’apéro. Savoir briser le quotidien, savoir refuser un verre, savoir le penser et le dire en le pensant et ne pas avoir de remord.
Je n’en suis pas là, non. Mais j’ai dîné chez mes parents.
Et maintenant, un autre combat, une autre soirée. Une autre nuit.
J’ai grincé des dents jusque tard la nuit dernière. Trop de grenadine à l’eau après le repas, sans doute. Je n’en sais rien, il ne faut pas, je ne veux pas abandonner le combat. Il commence à me plaire. Ce combat commence à me plaire. Il monopolise ma volonté, une fois sorti du contexte aliénant du travail. Il me semble que mes sens, ma logique et mon esprit critique oeuvrent en commun pour ruiner mes efforts inespérés de délivrance.
Si j’échoue -car à cette heure, je veux envisager la victoire- je garderai cette expérience intime en mémoire comme l’une des plus palpitantes et des plus extrêmes, bien au-delà de toutes les beuveries insensées qui m’ont contraint à ramper sur des revêtements de sol douteux dans des logements glauques jusqu’à l’oubli de ma propre dignité.
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