Prendre les choses du bon côté. Voir au-delà des difficultés pour mieux les affronter et anticiper les prochaines. Le métier que j’exerce implique tellement de responsabilités, est si chronophage et si peu gratifiant. Je suis de retour à PA-F pour la Summer University, avec la ferme intention de me remettre en forme physiquement et moralement. Arrivé hier matin, une journée baignée de soleil et d’art contemporain n’a pas suffi à m’extraire du bourbier dans lequel je suis fichu.
Pourtant, mes venues à PA-F sonnent chaque fois comme des retrouvailles dans une très grande maison de campagne. Dès mon arrivée, jugée « trop tôt » en français impeccable selon Christian, je salue Maria attablée au petit-déjeuner dans le jardin et Yumiko préparant une décoction dans la cuisine. Et puis Siri sort de l’arrière-cuisine ! Ce sera notre couple de cuisiniers avec Christian : l’activiste gay et le doctorant en philosophie. Ils ont promis de ne pas s’engueuler.
J’ai donc sauté le petit-jeuner de onze heures pour me rattraper sur l’encas de quinze – plutôt frugal – on sent bien que c’est le premier jour pour moi, mais le deuxième évènement successif de PA-F de l’été. Entre temps, je me suis installé dans « ma » chambre. Elle va finir par porter mon nom, c’est presque fait. Après la chambre de Jérôme Bel, et celle de Perrine, j’avoue que ça me touche.
Mes projets pour cette dizaine de jours sont : la préparation de la version éditable de « Variations au-dessus de l’abîme », le deuxième recueil de textes ; le développement d’une matrice de narration (j’y reviendrai plus tard) et quelques petites commandes annexes (vidéo, texte court..) jusqu’à l’arrivée attendue de Märten la semaine prochaine.
En fin d’après-midi j’ai retrouvé Perrine, qui m’apprend qu’elle a pris position dans une nouvelle chambre créée derrière la chapelle. Je dois absolument voir ça. Et éventuellement prendre quelques photos. Et j’ai pris un café avec Dan, le Jack Kerouac du XXIe siècle et Sharmaine qui vient de publier son premier livre. Tous deux sont de San Francisco. Dan m’a présenté comme le Bukowski français. Il faut dire qu’il a assisté à ma première lecture de Un très long rire en public à la winter university cette année. J’ai effectivement quelques similarités avec l’oncle Buk’, mais pas forcément au niveau du talent !
Arrive le repas du soir, le premier pour moi à l’extérieur depuis le début de l’année. Nous sommes une tablée de trente-cinq personnes, je n’ai pas encore parlé à tout le monde. Pour le moment j’ai rencontré Arya de Pologne, Gabriel de Suède et wow, nous avons à nos côtés Robert S., qu’on pourrait qualifier d’électron libre de la performance, un peu chamane, un peu barré.
Au repas : poulet haricots verts riz, tarte au citron maison.
Simple efficace.
Nous avons terminé la journée par le visionnage d’un documentaire sur Gregory Bateson, le père de la cybernétique et de l’écologie moderne. Il n’est pas très connu, clairement. Acteur de l’anthopologie, de la sociologie et de la philosophie dans les années 40 à 70, il est considéré comme un précurseur dans ce que j’appellerais une forme de pensée globale : tout n’est qu’interactions entre individus, objets, environnement.
Je vous laisse sur une citation :
In the transmission of human culture, people always attempt to replicate, to pass on to the next generation the skills and values of the parents, but the attempt always fails because cultural transmission is geared to learning, not DNA.
Concernant la transmission de la culture humaine, les gens essaient toujours de recopier, de transmettre les compétences et les valeurs de leurs parents à la génération suivante mais la tentative est toujours vaine parce que la transmission culturelle est poussée par l’apprentissage, pas par l’ADN.
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