Il ouvre la fenêtre pour aérer un peu. Déjà 18h30. La journée a été belle aujourd’hui. Il pince ses lèvres et sent sa gorge se serrer. Il se penche pour voir le paysage et se contorsionner un petit peu. La grande maison se vide de ses occupants. Et d’autres veinards les remplacent. Il essaie de prendre de la distance en écrivant ce qui lui arrive et ce qu’il ressent à la troisième personne du singulier – mais ça marche pas.
Du coup, je peux l’écrire franchement : hier soir c’était le grand au revoir pou la majorité des artistes, qui se sont levés tôt, ou ne sont pas couchés pour prendre leur taxi, leur train puis leur avion vers l’Europe, que dis-je le monde. J’ai encore un petit frisson de gros-sur-la-patate en ayant une pensée pour Yumiko, partie en Suède. Vincent est rentré aux Pays-Bas. Lukas, Sharmaine et Amir, les écrivains américains pensent passer par Paris avant de continuer leur road-trip. Et qui sait un jour m’emmèneront-ils. Et ça ne tient finalement qu’à moi et aux circonstances. Pfuit, cette pensée-là me chatouille la glotte dites donc.
Allez, un autre pour la route : bonnes vacances à mes champions Emma et Adriano. A Carcassonne il fait meilleur qu’ici. Vous allez me manquer, y’a pas de souci à se faire. J’en ai les poils des bras qui se dressent. C’est bon signe.
Et je ne cite pas les 40 résidents parce que j’ai pas assez de larmichettes de toute façon.
Et demain c’est donc à mon tour. J’ai sympathisé hier avec Ele d’Estonie. Enfin ça faisait quelques soirs qu’on retrouvait après le repas pour un ping pong ou juste pour discuter jusqu’à pas d’heure. Pour ne pas fondre sur place en partant demain, je lui ai proposé de chorégraphier le départ, de le mettre en scène. Elle devra – si elle y arrive – me gifler et dire « go away ». On pense que ça peut aider. Mais oui j’en suis là mes pauvres amis. J’en suis à m’interroger sur la possibilité que le temps s’arrête comme juste avant qu’un train démarre et qu’on voudrait encore dire un milliard de choses à quelqu’un qu’on ne reverra pas pendant…. ça y est ça déborde.
On est un grand garçon, on respire bien fort et on conclue.
La summer university aura été cette année plutôt calme, par opposition notamment à la winter university plus festive et avec plus de propositions. Les performances, les cours, les lectures – je n’y ai pas participé – ont toujours la même puissance, la même énergie. C’est avec un plaisir constant que je réaffirme la nécessité pour chacun au moins dans le milieu artistique mais aussi universitaire de fréquenter et de faire connaître cet endroit magique. Bien que ça ne tienne en vérité qu’aux humains. Il n’y a rien de mystique dans la chaleur humaine. Ce n’est que du plaisir pur concentré dans ces quelques dix jours d’échanges, de partage et de glace à la lavande.
Christian, cuisinier méthodique et passionné, a fabriqué de la glace à la lavande pour hier soir, avec un gâteau à la mousse au chocolat et au café et … avant ça de la volaille cuite au jus ( ? ) au four avec ses légumes. Ce soir, avec les derniers résidents, on finit les restes. Et demain, on s’casse.
La version pdf du manuscrit de Variations au-dessus de l’abîme sera disponible d’ici la semaine prochaine. Le temps d’effectuer quelques ajustements.
Allez, salut !
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