J’eus alors cette étincelle de lucidité qui me fit apparaître au travers des rides qui sillonnaient son visage de contribuable l’effigie d’une idole : c’était le chanteur Feldone. Il fut pris de panique, je crois lorsque je le saisis à la mâchoire pour mieux l’apprécier de profil. Aussi lui dis-je : « ce n’est pas tellement dans mes manières de fonctionnaire que de toucher mes clients. Seulement là, ce n’est plus le salarié de l’Etat qui régit mes mouvements, c’est le passionné de musique pop, l’humain transis d’amour pour son engeance ».
Il manqua de me briser le poignet en se libérant de ma tendre étreinte. Feldone se refusait à moi. En un éclair, il se jeta sur la porte et s’enfuit.
Affalé sur ma chaise simili acajou, me revint en mémoire les premières paroles de la chanson qui a rendu Feldone célèbre : « Comment t’aimer si tu regardes ailleurs ? »
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