La journée d’hier a marqué le début de ma reprise d’activité pour PAF. Une question de gestion des stocks pour les résidents à long terme est posée sur le principe simple de : où et comment stocker le effets personnels des résidents lorsqu’ils sont en déplacement (en tournée par exemple) ? Il faut créer des espaces de stockage sécurisés. Et autant que possible, il est préférable que ça ne coûte pas trop cher. Certaines conditions ne changent pas avec les années !
Parallèlement, je continue de travailler activement sur mon troisième livre. Je cherche un titre. J’ai pensé à « Neumatique des anges » qui est d’ailleurs le titre d’un de mes textes en accès libre. Le problème c’est que ce titre n’a rien à voir avec le contenu. Rien de bien grave.
Ce matin, je savais que la journée serait exaltante. Tout d’abord parce que j’avais déjà choisi ma lecture du jour, et ensuite parce que j’avais toute la latitude nécessaire pour m’exprimer sur le sujet et son auteur. J’ai donc relu – mais je n’ai pas encore terminé – l’excellentissime Les perdants magnifiques de Léonard Cohen.
J’ai depuis longtemps développé une fascination pour le chanteur, son allure, sa voix et cette espèce de charisme inimitable qui le caractérise. J’ai aussi le sentiment de ne jamais l’avoir connu autrement que vieux. Ce n’est pas très gentil, mais j’avoue que pour moi il a toujours été âgé. Il a 80 ans cette année.
Cohen est donc chanteur. Il est aussi poète et écrivain. Dans Les perdants magnifiques, on accompagne le narrateur dans une sorte d’introspection mystique, plutôt barrée. Le contexte est simple : il a une femme et un ami. Madame se suicide en se laissant écraser par l’ascenseur qui donne accès au foyer conjugal, et le bon copain meurt d’une maladie sexuellement transmissible (ou quelque chose du genre). Alors oui, on peut dire que ça commence bien.
Son métier est aussi sa passion : il étudie la seule tribu amérindienne à n’avoir jamais gagné de guerres de territoire et dont il ne reste qu’une dizaine de membres en vie. En l’occurrence, il vénère littéralement Sainte Catherine Tekakwitha. Une indigène canonisée au titre de sa dévotion à la foi chrétienne dont la vie n’a été qu’un long martyr. Mais enfin me direz-vous, quelle idée d’écrire des horreurs pareilles ? Encore que chacun écrit ce qu’il veut. Moi aujourd’hui j’ai ajouté quelques paragraphes à un de mes textes. Un question-réponse notamment dont je suis assez fier : « qu’est ce qui vous caractérise le mieux ? La couleur de mon slip ».
On peut donc écrire ce qu’on veut. On est pas obligé de le lire. Pourquoi, de fait, suis-je si attiré par la lecture de ce roman ? Et bien c’est une longue histoire. Tout d’abord j’ai découvert ce livre par hasard lors de l’exposition Beautiful losers qui s’est déroulée pendant Lille 2004 au Tri Postal. A cette même exposition j’ai découvert le travail de photographie de Larry Clark également. Exceptionnel.
Ensuite, j’ai entamé la lecture du bouquin et j’ai été happé par le rythme de la narration. Les monologues et les dialogues se succèdent rapidement. On entre dans l’histoire comme dans ses pantoufles. La narration est fragmentée. C’est à dire que d’un paragraphe à l’autre le sujet change sans transition. On passe de la sainte indienne au fantôme de sa femme, puis à une anecdote sur la lubricité de son meilleur ami, et on revient brutalement dans une introspection sur la nature érotique de Catherine Tekakwitha. Wouah.
Le parti pris est assumé. Il y a dans ce mode d’écriture un moyen d’exprimer en plus du contenu de la narration, la dimension psychologique du narrateur qui est en train de devenir complètement fou.
Plus on avance dans le livre et plus les éléments se mélangent et se court-circuitent. Il confond sa femme et la sainte, son meilleur ami prend les traits d’un surhomme puis il veut le tuer. Le plus rageant, c’est qu’il a écrit ça en 1966 à 32 ans. Et ce n’était pas son premier essai.
Peut-être qu’en sachant cela, maintenant vous ne verrez plus le chanteur avec le même regard !
A bientôt,
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