Depuis hier, un peu comme partout en France a priori, le temps est à la canicule. Ma peau graisseuse ne manque pas de me le rappeler à chaque pas dans le jardin, si bien que j’ai renoncé à essayer de bosser dehors.
La chambre orientée plein nord ne m’accorde pas beaucoup plus de clémence. L’air lourd et chaud pénètre dans les murs, les espaces ouverts et clos. Je transpire, je m’hydrate et c’est à peu près tout ce que je suis apte à réaliser convenablement.
Malgré tout, je suis arrivé au bout de mon troisième recueil avec une note épique dont je suis plutôt satisfait. Les textes sont partis chez quelques amis pour être critiqués. Je compte publier au 1er septembre. Cela me semble être la bonne période. Lorsque chacun sera rentré de vacances, recevra son appel au 3e tiers de l’impôt sur le revenu et aura en conséquence l’esprit clair pour digérer quelques histoires drôles.
S’agit-il d’un recueil humoristique ? Il l’est davantage que les deux précédents. Le ton est plus léger même si j’ai souhaité garder quelques textes introspectifs et sombres, la tonalité de l’ensemble est plutôt au rire.
Au rire, pas à la joie. Je ne suis pas quelqu’un de joyeux. Je trouve la joie anodine, naïve, hypocrite. La joie est un jeu de l’esprit pour nous leurrer sur nos émotions sincères. Le rire en revanche c’est une expression brute, un surgissement de soi qui dépasse les barrières des conventions, le carcan du jeu social. Rire est une action instinctive. Un rire interprété est reconnaissable immédiatement à cause de ça. Un rire faux est presque une insulte. Mieux vaut ne pas se forcer à rire, ne pas se complaire dans l’impression de joie.
Voyez, le soleil me met de bonne humeur ! C’est tellement humain de toujours se plaindre. J’appelle ça le ouin-ouin. J’essaie de convertir quelques amis anglophones à adopter l’expression ouin-ouin sans grand succès pour le moment. Si je persiste, je suis persuadé que ça pourrait rentrer dans les moeurs.
Nous avons eu une discussion sur la colère hier soir après le repas. J’estime être un colérique qui se soigne. C’est à dire que je fais en sorte de maîtriser cette colère en moi plutôt que d’espérer m’épanouir dans la contemplation de la beauté de l’univers. Je ne dis pas que l’univers est sans intérêt – bien au contraire – mais plutôt que la colère a une part importante dans l’évolution d’un individu et à plus grande échelle dans l’évolution de la civilisation.
Ce n’est pas la plénitude qui génère les mouvements de foule contre des dictateurs, les manifestations pour l’égalité des chances ou contre les violences policières. Ce n’est pas la joie qui critique le système économique ; la colère est politique, morale, sociale et intellectuelle.
Je creusais le sujet plus tôt dans la journée entre deux portes (pour le courant d’air !) et il est très probable que cela fasse l’objet d’un texte pour… un quatrième livre ?
Oui, le développement de ce sujet devra être posé sur du papier, parce qu’à l’oral c’est une catastrophe. J’ai essuyé un « for me anger is retarded » [pour moi la colère est stupide], qui le plus niais des contre-arguments (!), mais comme je n’étais pas d’aplomb pour procéder à mon développement d’idées, je me suis contenté d’acquiescer en silence.
Voilà un exemple tout prêt : je suis en colère contre mon inaptitude à m’exprimer clairement et simplement en public. Je suis en colère contre cette timidité qui me ronge et qui me contraint à écrire de la poésie ! J’aurais tant aimé être agent commercial pour une grande marque de soutien-gorges, à minauder des insanités sur la beauté féminine en tête de gondole de supermarché !
Cette colère est le moteur de mon changement. Chaque fois que cela me met en colère, cela me donne le moyen de me rendre compte de mon état et me pousse à devenir meilleur. Voilà pourquoi je défends la colère et pourquoi je ne suis pas VRP pour Wonderbra.
Profitez du soleil,
bisous.
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