Ce vendredi 28 août, j’ai présenté dans le cadre de la Text Week au Performing Arts Forum un jeu de lettres intitulé Twister Script. Il s’agissait d’un état des lieux d’un travail en cours sur la création aléatoire de phrases cohérentes engendrant un récit narratif. L’idée d’écrire ce programme m’est venue suite au visionnage du film Crazy Lips (2000) de Hirohisa Sasaki un après-midi d’été particulièrement improductif.
Le scénario du film est régulièrement entrecoupé de nouveaux évènements sans liens entre eux et de parfois de personnages sortis du chapeau, donnant à l’ensemble un aspect brouillon dans une atmosphère de film gore et sexy dans la tradition japonaise du genre. En décortiquant le film (improductive, l’après-midi d’été…) j’ai extrait des phrases des dialogues, des noms de personnages, des évènements et j’en ai constitué des listes dans une base de données. Les éléments ont ensuite été classés suivant leur nature : [ personnage | personnage secondaire| espace | temps | action | rebondissement (twist) | objet ].
Chaque élément renvoie à un autre, par exemple : [rebondissement -> personnage -> lieu -> action -> objet] et cela constitue une phrase.
Si ça vous tente d’essayer, j’ai mis une version en ligne sous ce lien :
http://www.sainthuitre.net/twisterscript/twister.htm
Il suffit de cliquer sur le lien et un nouveau bout de phrase apparaît. L’exemple en question est vraiment minimaliste. Il sert à illustrer mon propos. Je travaille maintenant sur un programme beaucoup plus complet où le nombre de modules (espace, temps, etc..) serait subdivisé pour apporter une grande diversité dans les possibles.
Alors vient la question : « à quoi ça sert ? » C’est précisément sur ce point que ma présentation s’est appuyée. Objectivement, ça ne sert à rien. C’est un jeu. En revanche, c’est aussi un outil et un support éventuel d’inventivité. J’apprends à coder et je trouve une application immédiate pour m’exercer. L’outil génère du contenu, il créé de manière autonome une fois que les données sont entrées. L’affinage du programme est un processus d’inventivité, c’est à dire de logique et d’application de connaissances. La créativité vient après, lorsque le contenu est généré aléatoirement, il peut servir de support créatif dans un processus d’écriture par exemple. Mais il peut aussi rester ce qu’il est : un jeu de lettres et un outil improductif.
Laisser la productivité de côté, c’est s’accorder le temps de revenir à l’essentiel et explorer des territoires fertiles dont l’imaginaire et la légèreté font parti.
La présentation était en anglais. J’ai tenu 25 minutes, là où je comptais tenir 40/50 minutes. Je dois donc revoir ma copie sur le temps à passer sur les différents aspects techniques du programme et sur la réflexion liée au processus improductif. Pour autant, j’ai eu de bons retours, quelques questions et même des idées pour d’autres jeux. C’est pas mal 🙂
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