Saluer sur le quai de gare
le départ d’un être cher
le jour de la Saint Grégoire.
Double peine.
Tu peux bien essayer de faire semblant de
sourire quoiqu’il advienne
elle est présente là, la peine
Ele, elle est plus là, journée ratée, temps pluvieux.
Autant d’efforts pour se protéger
puis s’emboutir sur un zinc
à dévaler des bières, encaisser
ma muse Ele me rend dingue
Grégoire 1er à qui l’on doit les chants dit-on
canonisé parce que tu entendais les colombes :
mon Ele vaut mieux que toi, elle parle aux pigeons.
Sous son aile et depuis un silence de tombe.
—
19 août 2013
—
I.
D’abord je maudirai ce satané chauffeur de taxi
d’être à l’heure et de t’enlever
de t’emmener vers ton lointain ailleurs
et puis
je t’imagine serrant les dents
assise à la place du mort
le chauffeur essaierait de te draguer
par tous les moyens
c’est normal
il te poserait tout un tas de questions
et tu te contenterais de le dévisager
comme tu fais si bien
il ne saurait plus où se mettre
au bout d’un moment
il finirait par se taire et allumer la radio
tu la couperais immédiatement
et ton regard se perdrait
dans le paysage qui défile
sur le reflet de ton visage
II.
J’ai ouvert l’enveloppe contenant
la relique de Yumiko, un présent
une pièce de coton appelée Tenugui
reçue il y a deux ans en remerciement
je savais que ce moment arriverait
dans la cuisine, extraire du panier
la liqueur de basilique
et l’emballer dans le tissu traditionnel
suivant la technique ancestrale
je pense très fort à toi
prendre une photographie de l’objet formé
voilà, c’est toi
maintenant je te vois
verser la liqueur dans un verre propre
nous avons partagé un agréable moment
je bois, désormais tu es en moi
et tu me réchauffes le coeur.
III.
Les miettes de pain
sur la table de jardin
un petit café noir sans sucre
regards fuyants
l’heure du départ
la tendresse
toute la force qu’il nous manque
pour ceux qui restent
penser à ceux qui restent
la tendresse à ceux qui restent
ceux qui partent et ne reviendront
peut-être pas
ont-ils de la chance
aux regards effarés
embués
émiettés
calme supposé
délimiter les contours du vide
installé depuis que
s’en est allé qui-tu-sais
dans sa caisse à savon
contraste avec les tessons
de verre les cendres des
cigarettes grillées
une courte étreinte
des bras qui enlacent
sans émoi
(je ne t’ai pas dit au revoir
les mots ne venaient pas)
les corps en disent plus que
les mots corrompus
pratique saine
(tu n’emploies que les mots que tu connais
et tu restreins tes émotions à
ta capacité de langage)
donner des noms aux choses
les rendre réelles
sublimer les perceptions
sonder l’inaudible
les relations humaines
Peut-on s’attendre à la disparition
encore un mot un nom
c’est encore loin
des restes de ceux qui
du temps où
ce qui arrive
ceux qui passent
et ressasser le passé
ça ne sert à rien
Laisser un commentaire