pommes,
constellées d’étoiles et piquetées de trous de vers gourmands
plaisant aux oiseaux rieurs
pommes,
veinées d’or, éclatantes
écarlates ou vertes
brunes ou mates
pommes,
petites poches imparfaites saturées d’arômes amers
sucrées gisant au pied de l’arbre à même la terre
sorbet tiédi dans un nid de feuilles mortes
suspendues dans l’espace humide balançant
aux branches orphelines et cassantes
aux troncs faméliques à l’écorce craquante
revêtus d’une tunique de mousse opaline
jusqu’à la prochaine bourrasque de vent taquin
au frémissement des tiges aux feuilles battantes
puis flottantes de leur dernier envol, le seul
enveloppées d’une fine bruine pénétrante
pommes incandescentes au premier rayon du soleil perçant d’entre les nuages
pommes délicieuses croquées dans le verger sans attendre
pommes à la peau rugueuse comme les mains de mon grand-père
pommes indécentes
à la chair exhibée de trop de heurts et offertes à tous
pommes informes tachées d’ocre, creusées ou oblongues
pommes bossues tordues mal faites
pommes couvertes de cicatrices survivantes de minuscules catastrophes
pommes malades que chacun abandonne aux insectes grouillants
pommes pourries où germent déjà de nouvelles formes de vie mycélienne
pommes douçâtres destinées aux compotes que nous ferons le soir venu
fruits de ma saison préférée
j’aime toutes tes espèces
ta chair tatouée et tes familiers
tes robes et tes parfums
je t’accompagne dans ta destinée
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